Le propriétaire de la centrale, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. ( AFP / JOEL SAGET )
L'avenir de la centrale à charbon Emile Huchet de Saint-Avold (Moselle), qui doit prochainement être convertie au gaz, pourrait être mis en danger par l'alliance annoncée lundi entre son actuel propriétaire, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, et TotalEnergies , s'inquiète la CFDT, interrogée vendredi par l'AFP.
Selon Thomas About, délégué syndical CFDT à Saint-Avold, l'intégration du site lorrain dans la future coentreprise associant les deux partenaires ne concernera qu'une partie de ses installations appartenant à la holding tchèque EPH contrôlée par M. Kretinsky, et pas la centrale en elle-même.
TotalEnergies et Daniel Kretinsky ont annoncé lundi s'allier dans la production d'électricité en Europe de l'Ouest via une coentreprise. Dans une opération valorisée à plus de 5 milliards d'euros, la major pétrolière va acquérir 50% d'un portefeuille d'actifs de production d'électricité (centrales à gaz et à biomasse, batteries) appartenant à EPH.
La centrale de Saint Avold brûle du charbon pour son dernier hiver, avant une conversion prévue au gaz. Or TotalEnergies, interrogé par l'AFP, confirme ne pas prévoir d'acheter d'actifs liés au charbon dans le cadre de cette alliance.
EPH précisait lundi qu'en France, "seuls quelques actifs sélectionnés seront possiblement apportés" à la coentreprise avec TotalEnergies, citant notamment "C.S.E. Coulomb, une entreprise de stockage d'électricité dans des batteries".
Contacté vendredi par l'AFP, EPH n'a pas souhaité faire d'autre commentaire.
Une source au fait des discussions a déclaré à l'AFP que si EPH transformait la centrale de Saint-Avold en centrale à gaz, les deux groupes pourraient "étudier la possibilité de l'inclure, en tant que centrale à gaz, dans le périmètre de la coentreprise", mais que ce n'est pas le cas à date.
La conversion de la centrale du charbon vers le gaz représente un investissement d'une centaine de millions d'euros pour son propriétaire GazelEnergie - filiale française d'EPH -, qui avait souligné en avril que cela se ferait "sans coût pour les finances publiques".
Mais la scission du site d'Emile Huchet, avec d'une part la centrale de stockage d'énergie par batteries du site qui appartiendrait à la future coentreprise, et d'autre part la centrale à charbon qui doit être déclassée en mars 2026, risque de mettre en péril le projet de conversion en centrale au gaz, alerte Thomas About.
A ses yeux, sans les revenus liés au site de stockage par batteries, GazelEnergie risque de ne pas financer la conversion de la centrale. "On ne peut pas finir comme ça sur un deal à 5 milliards (d'euros en actions entre TotalEnergies et Daniel Kretinsky) et en être exclus et nous laisser mourir comme ça. Ce n'est absolument pas entendable", a martelé le syndicaliste.
"Bercy est vigilant sur ce dossier et les délégués syndicaux échangeront bien avec le ministère la semaine prochaine", a précisé le ministère de l'Industrie, sollicité par l'AFP.

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